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MonFinTech, projet de recherche financé par l'ANR

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MonFinTech, projet de recherche financé par l'ANR
Projet ANR
MonFinTech est un projet de recherche lauréat de l'AAPG 2025 de l'ANR porté par Marianne VERDIER, professeur d'économie au CRED

MonFinTech : Technologies, (Dés)-intermédiation et surveillance des transactions financières, est l'un des projets de recherche lauréats de l'AAPG de l'ANR en 2025 à l'Université Paris-Panthéon-Assas.

En quoi consiste le projet de recherche MonFinTech ? Quel est son objectif ?

Le projet MonFinTech vise à comprendre comment l’Intelligence Artificielle (IA) et la blockchain vont transformer la surveillance des transactions financières. Un système financier fonctionne de façon saine quand il est utilisé pour réaliser des transactions légales. Toutefois, les entreprises et les consommateurs peuvent aussi l’utiliser pour effectuer de l’évasion fiscale, acheter des produits ou services illégaux et blanchir de l’argent, ce qui entraîne des dommages pour l’économie. Dans notre projet, nous souhaitons comprendre si ces nouvelles technologies pourraient : 1) améliorer l'efficacité des activités de surveillance des intermédiaires financiers, 2) diminuer le volume des transactions illégales, 3) modifier les incitations des intermédiaires à se conformer au cadre réglementaire, 4) avoir un impact sur la structure du marché, 5) soulever de nouveaux défis tels que des biais et des problèmes de détection qui ne sont peut-être pas encore bien compris ni par les entreprises ni par les régulateurs. 

Comment se compose l'équipe interdisciplinaire de ce projet ?

Notre projet est un PRME (Projet de Recherches Mono Equipe) porté par Marianne VERDIER (professeur d’économie, membre du Centre Recherches en Économie et Droit, le CRED, membre du collège de l’ACPR et responsable du master Finance de l’université). Au CRED, l’un de nos programmes de recherche consiste à comprendre les interactions entre règles de droit, technologies, et comportements des acteurs sur les marchés. Nous travaillons plus spécifiquement sur le secteur financier en valorisant l’interdisciplinarité entre économie, informatique, droit, et mathématiques. Le projet a été construit en partenariat avec l’ACPR, l’autorité de contrôle prudentiel et de résolution, qui considère ces problématiques comme essentielles compte tenu de l’émergence de nouveaux modèles d’affaire et de risques technologiques dans la finance. À l’université, l’équipe du projet MonFinTech se compose de professeurs d’économie (Marie OBIDZINSKI , Mariana ROJAS-BREU), associés à un maître de conférences en informatique (Yackolley AMOUSSOU-GUENOU), un maître de conférences en mathématiques (Céline CHEVALIER ), un professeur de droit (Thierry BONNEAU ). Nous travaillerons également avec des chercheurs d’autres université : Arash ALOOSH (Dublin City University), Maarten VAN OORDT (Free University Amsterdam), Georgiana-Denisa RADU (Université d’Orléans), Laure de BATZ (Prague School of Economics). Nous recruterons aussi un post-doc pour participer aux travaux à l’aide des fonds du projet et nous proposerons aussi à un apprenti de rejoindre notre équipe. 

Quelles compétences complémentaires s'illustrent dans le cadre de ce projet ?

Les compétences de notre équipe sont très complémentaires. Par exemple, dans le cadre de la blockchain et des registres décentralisés, de nouveaux protocoles reposant sur des techniques complexes de cryptographie comme les preuves à divulgation nulle de connaissance (Zero-Knowledge Proof) permettent d’enregistrer des transactions sans divulguer l’identité des participants. Le terme n’est pourtant pas très bien compris par les personnes n’ayant pas de compétences en cryptographie ou en informatique. Par ailleurs, il n’existe pas d’étude économique évaluant l’efficacité de ces dispositifs en termes de coûts. Réunir des compétences d’informaticiens, de cryptographes et d’économistes peut donc apporter de la valeur ajoutée à la compréhension de l’efficacité de la technologie. 

Les possibilités de recherches interdisciplinaires entre l’économie et le droit sont nombreuses. Par exemple, le règlement européen sur l'IA du 13 juin 2024 est très récent, et son application dans le secteur financier est en train de se mettre en place. Les modèles d’IA de première génération ont permis d’améliorer la détection du blanchiment d’argent, mais ont augmenté massivement le taux de faux positifs, c’est-à-dire des transactions identifiées à tort comme étant du blanchiment d’argent. Cette forte hausse des faux positifs n’est pas sans poser de difficulté aux intermédiaires financiers, et aux autorités publiques chargées des poursuites. Les modèles d’IA de seconde génération permettent d’identifier de nouveaux profils de risques qui ne sont pas détectés par les modèles traditionnels. L’impact sur le taux d’erreur est ambigu pour le moment. Il est donc très important de comprendre les interactions entre la conception de la réglementation et les incitations économiques des acteurs à adopter des modèles d’IA pour surveiller correctement les transactions financières. Est-ce que ces modèles sont bénéfiques pour les intermédiaires et pour les consommateurs ? Combien coûtent-ils aux intermédiaires ? Est-ce qu’il existe un risque que les acteurs les plus petits du marché ne soient pas en mesure d’adopter les modèles les plus performants ? 

Quelles méthodes sont mises en œuvre dans le cadre de ces recherches ?

Dans notre projet, nous allons proposer plusieurs modèles économiques théoriques pour répondre à ces questions de recherche. Nous construirons également une base de données pour détecter les transactions frauduleuses sur la blockchain de l’Ethereum qui pourra être utilisée à la fois par des économistes et des chercheurs d’autres disciplines. Nous nous intéresserons également à l’apport et aux risques liés à l’usage de l’IA générative à la lutte contre le blanchiment d’argent. 

Quel intérêt peut représenter ce projet pour les spécialistes de la finance ? 

Le projet produira des travaux de recherche à la fois théoriques et empiriques. Il permettra de riches interactions, ainsi qu'un partage de connaissances avec les autorités de régulation, notamment l’ACPR, qui sont actuellement très préoccupées par l'impact des technologies sur l'utilisation illégale des systèmes financiers. Ce sujet est ainsi évoqué dans le cadre du collège de supervision de l’ACPR. Ce projet pourrait aussi nourrir d’éventuelles évolutions du cadre réglementaire qui est en pleine évolution dans l’Union Européenne. De plus, nous partagerons les résultats de nos recherches avec les étudiants en master, qui seront confrontés dans leur carrière à de nouvelles problématiques de conformité compte tenu de l’état des technologies. Par exemple, dans le master Finance de l’université, les étudiants ont à la fois un cours d’économie de la blockchain, d’intelligence artificielle appliquée à la finance et de conformité bancaire. Proposer des cas d’usages aux étudiants pourra être l’un de nos objectifs. Nous les inviterons aussi aux conférences que nous souhaitons organiser, ainsi que les étudiants des différentes formations en finance et en droit de l’université.