Les Éditions Panthéon-Assas publient ce mardi 18 mars un nouvel ouvrage intitulé L’avenir des relations franco-allemandes. Perspectives croisées, dirigé par Laurence  NICOLAS-VULLIERME, maître de conférences HDR en droit privé, et Anne-Marie  THÉVENOT-WERNER, maître de conférences en droit public, exerçant toutes les deux à l’Université Paris-Panthéon-Assas.

Pourriez-vous revenir sur le contexte de publication de cet ouvrage collectif, unissant une vingtaine d’intervenants de diverses spécialités de part et d’autre du Rhin ?

Cet ouvrage collectif reprend et développe les travaux du premier colloque de la filière franco-allemande BerMuPa (Berlin – Munich – Paris) de notre université organisé dans l’année du 60e anniversaire du traité de l’Élysée, traité de coopération entre la France et l’Allemagne. Ce colloque, qui réunissait des chercheurs de différentes disciplines (philosophie, science politique, droit public et droit privé), des praticiens, des membres de la société civile et les étudiants en formation avait pour objectif d’établir un état des lieux aussi large que possible de la coopération franco-allemande pour en trouver les perspectives d’avenir. Parallèlement, il s’agissait de montrer la réalité de cette coopération dans le cadre universitaire par une co-direction franco-allemande et par la participation de chercheurs des trois universités partenaires de l'Université Paris-Panthéon-Assas, à savoir la Ludwig-Maximilians-Universität à Munich et la Humboldt Universität à Berlin.

Quels sont les grands axes abordés pour traiter de l’avenir des rapports entre la France et l’Allemagne ?

La structure de l’ouvrage s’inspire des thèmes clés abordés dans le traité d’Aix-la-Chapelle du 22 janvier 2019, qui complète le traité de l’Élysée, sans le supprimer. Après une présentation pluridisciplinaire et une analyse du cadre institutionnel de la coopération franco-allemande à titre introductif, nous nous sommes demandés dans un deuxième axe si le « couple » franco-allemand est un frein ou un moteur en Europe. La question se pose dans des termes très différents en matière de sécurité et de défense et en matière économique. Mais si les rapports politiques entre la coopération franco-allemande et l’Union européenne sont régulièrement remis en question, la coopération transnationale franco-allemande est désormais une réalité précieuse – dont l’analyse fait l’objet d’un troisième axe – tant en ce qui concerne la coopération transfrontalière que la coopération juridique. Enfin, l’ouvrage pose la question d’un nouvel élan pour la coopération franco-allemande à l’ère du numérique avant de laisser place aux conclusions générales sur les perspectives d’avenir des relations franco-allemandes.

Pourquoi peut-on parler d’une relation « hors du commun » pour qualifier la coopération entre les deux pays ?

Oui, la relation franco-allemande est « hors du commun » par son étendue et son intensité : les relations couvrent des domaines extrêmement variés (politique, économique, culturel) et concernent autant les hommes et femmes politiques que la société civile. Les critiques dont elle fait souvent l’objet dans la presse ne doivent pas occulter cette réalité. Il ne s’agit pas seulement de rencontres, de jumelages et d’amitiés franco-allemandes, mais aussi et surtout d’une institutionnalisation des relations lui conférant une assise solide. Cette relation hors norme a valeur de modèle : le fait que deux États qui se sont affrontés durant des décennies sur les champs de batailles aient pu créer des liens aussi importants et profonds et parvenir à une paix durable est source d’espoir pour des peuples en guerre.

Compte tenu de l’actualité, le « couple » franco-allemand fait-il encore figure de moteur de l’Europe ?

Il est vrai que les difficultés politiques internes aux deux pays – marquées entre autres par les élections législatives anticipées d’abord en France en 2024, puis en Allemagne en 2025 – n’ont pas facilité la perception de l’existence d’un « couple » franco-allemand dans les médias. Il n’empêche que la coopération franco-allemande est particulièrement étroite comparée aux relations entre d’autres pays à de multiples niveaux, ce que montre l’ouvrage. Lorsque les deux premières puissances économiques de l’Union européenne arrivent à s’entendre sur un sujet, elles peuvent en effet faire figure de « moteur » de l’Europe, car elles ont déjà fait le travail de parvenir à un consensus bien qu’elles n’aient peut-être pas eu au départ les mêmes positions. Il ne s’agit pas pour les Français et les Allemands de dicter une solution aux autres, mais de faire des propositions de compromis ajustables à toute l’Union européenne pour avancer ensemble. Ceci est d’autant plus vrai dans le contexte géopolitique international incertain actuel qui oblige en réalité les Européens à être unis s’ils souhaitent peser sur la scène internationale.

Enfin, à quel public recommanderiez-vous la lecture de votre ouvrage ?

L’ouvrage est recommandé non seulement à tous ceux qui s’intéressent aux relations franco-allemandes, mais plus largement à tous ceux qui s’interrogent dans un contexte international préoccupant sur les moyens d’une paix durable en Europe ou dans le monde : qu’il s’agisse de praticiens, membres de la société civile ou universitaires.

Retrouvez cet ouvrage en librairie dès à présent.