Aller à l'en-tête Aller au menu principal Aller au contenu Aller au pied de page
Accueil - Reconnaissance faciale. Défis techniques, juridiques et éthiques : entretien avec les directeurs d'ouvrage

Reconnaissance faciale. Défis techniques, juridiques et éthiques : entretien avec les directeurs d'ouvrage

Recherche
Reconnaissance faciale. Défis techniques, juridiques et éthiques : entretien avec les directeurs d'ouvrage
Photographie de l'ouvrage Reconnaissance faciale. Défis technologiques, juridiques et éthiques, dirigé par Malik Bozzo-Rey, Anne Brunon-Ernst et Claire Wrobel
Rubrique recherche: 
Temps fort: 
L'ouvrage dirigé par Malik BOZZO-REY, Anne BRUNON-ERNST et Claire WROBEL paraît le 1er octobre 2024 aux Éditions Panthéon-Assas

Les Éditions Panthéon-Assas publient ce mardi 1er octobre Reconnaissance faciale. Défis techniques, juridiques et éthiques, ouvrage collectif dirigé par Malik BOZZO-REY, directeur de recherche en éthique et du centre CEThicS à l’université catholique de Lille, et Anne BRUNON-ERNST et Claire WROBEL, respectivement professeur et maître de conférences en anglais juridique à l’Université Paris-Panthéon-Assas.

Les contributions rassemblées au sein de cet ouvrage pluridisciplinaire reviennent sur la conception et le déploiement des techniques de reconnaissance faciale ainsi que sur les tentatives de réglementation actuelles, tout en proposant des outils de réflexion critique, mobilisant et revisitant notamment les notions de consentement et d’anonymat.

Comment est née l'idée de ce livre et pouvez-vous nous le présenter ?

Les travaux de l’équipe Law & Humanities, rattachée au Cersa, centre de recherche de l’Université Paris-Panthéon-Assas, s’articulent autour d’un projet de recherche pluriannuel sur la surveillance et les nouvelles technologies. Pour faire suite à l’organisation d’un colloque avec l’Australian National University (ANU) et à la publication de l’ouvrage Surveillance, Law and the Humanities aux presses d’Édimbourg, les membres de l’équipe ont décidé en 2021 de poursuivre leur travail en se centrant sur l’étude de la surveillance et des nouvelles technologies. Ces recherches se sont concrétisées par l’organisation d’un séminaire régulier, de colloques et de publications. Cet ouvrage est le deuxième publié dans ce cadre, et a été conçu avec la collaboration du laboratoire ETHICS (EA 7446) de l’université catholique de Lille. L’objectif est de répondre à la question suivante : comment le droit, les sciences informatiques, la philosophie, les études anglophones et la sémiotique envisagent-ils la reconnaissance faciale ?

Les intervenants réunis dans cet ouvrage sont issus d’horizons différents : l’École d’ingénieurs généraliste du numérique (Efrei), le pôle judiciaire de la Gendarmerie nationale (PJGN), ou encore l’Institut de management et de communication interculturels (ISIT), pour n’en citer que quelques-uns. En quoi cette diversité a-t-elle été enrichissante, voire indispensable à l’élaboration de l’ouvrage ?

Persuadée que la connaissance ne peut que tirer profit d’un décloisonnement des disciplines, la philosophie de l’équipe Law & Humanities est de croiser les approches sur un même objet de recherche, ici la surveillance et la reconnaissance faciale. Les nouveaux partenariats de l’Université Paris-Panthéon-Assas avec l’Efrei, le PJGN et l’ISIT en font des interlocuteurs privilégiés pour entamer une collaboration scientifique sur cette thématique de recherche. En effet, leur expertise sur leur domaine de spécialité, combinée aux compétences des membres de l’équipe pluridisciplinaire Law & Humanities, crée une synergie unique qui est démontrée dans cet ouvrage.

Peut-on parler d’un tournant dans la culture juridique française, européenne, ou même internationale, à l’ère du numérique et plus spécifiquement en matière de reconnaissance faciale ?

Il est certain que la reconnaissance faciale suscite de plus en plus de débats au sein de la sphère publique, notamment car elle est passée d’une espèce de fantasme techno-scientifique issu de la science-fiction à une technologie bien réelle, accessible et largement utilisée. Divers événements, comme les Jeux olympiques et paralympiques 2024 organisés à Paris, ont mis en lumière les questions que pouvait soulever une telle technologie. Pourtant, il conviendrait de distinguer au moins trois types d’acteurs que l’on peut identifier et qui sont mis en avant dans les débats : les activistes parfaitement au fait des développements techniques, des implications sociétales, des risques et des questions soulevés par la reconnaissance faciale ; les politiques, conscients qu’il s’agit ici d’une technologie qui n’est pas anodine et qu’il faut probablement réguler ; et le grand public, qui est confronté à cette technologie sans nécessairement en connaître les caractéristiques ou les enjeux. Cependant, le point commun entre ces trois acteurs est probablement la volonté d’élaborer un cadre juridique régulant les usages de la reconnaissance faciale. Ce point commun, que nous pouvons retrouver à travers le monde, ne doit cependant pas cacher les profondes disparités du traitement juridique de cette question.

Quel bilan pouvez-vous dresser à l’issue de ce colloque ? Quel avenir envisagez-vous pour la reconnaissance faciale et quels défis la société contemporaine doit-elle encore relever dans ce domaine ?

Ce colloque fut extrêmement riche et, peut-être, pouvons-nous retenir deux questions. La première est de savoir s’il est possible de réguler une technologie afin d’en limiter les risques sans freiner son développement. Cette question peut d’ailleurs s’appliquer à d’autres technologies, comme l’intelligence artificielle par exemple. La seconde est plus large et interroge directement notre conception de la société, plus particulièrement celle dans laquelle nous voulons vivre, et la manière dont il est possible – ou non – de préserver des droits fondamentaux tout en technologisant cette société. Ces deux questions sont autant de défis que toute société contemporaine, et notamment démocratique, se doit de relever.

Enfin, à quel public recommanderiez-vous la lecture de votre ouvrage ?

La reconnaissance faciale est un mode de régulation sociale inédit qui a des effets sur les libertés publiques, les perceptions de l’identité, les relations interpersonnelles et, plus généralement, le type de société que nous voulons construire. Cet ouvrage est donc une lecture essentielle pour le grand public comme pour les étudiants et universitaires. C’est justement son approche pluridisciplinaire sur une technologie nouvelle qui l’ouvre à une multiplicité de publics.

Retrouvez cet ouvrage en librairie dès à présent.