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Monsieur Guy GEST - Professeur émérite d'université (université Paris 2 Panthéon-Assas), directeur de thèse
Monsieur Bernard PLAGNET - Professeur émérite université Toulouse 1
Monsieur Jean-Luc ALBERT - Professeur des Universités (Université d'Auvergne), rapporteur
Monsieur Jean-Philippe KOVAR - Professeur des Universités (université de Strasbourg, IEP), rapporteur
Monsieur Martin COLLET - Professeur des Universités (université Paris 2 Panthéon-Assas)
Les rapports entre concurrence et droit fiscal, en tant que technique de mise en œuvre du prélèvement fiscal, sont multiples et complexes. Il apparaît sans peine que la concurrence est affectée par le droit fiscal, dans la mesure où tant les dépenses fiscales que les normes fiscales peuvent dénaturer le rapport concurrentiel. En pratique un tel biais concurrentiel résulte de critères d'imposition ratione materiae ou personae qui décorrèlent la charge fiscale de l'avantage concurrentiel, lequel détermine à lui seul l'issue du jeu concurrentiel, et est réductible à l'avantage en valeur ajoutée. Dit de manière plus analytique, le droit fiscal est distorsif de concurrence lorsqu'il traite certains concurrents ou actes concurrents de manière différenciée, soit de jure, soit de facto, c'est-à-dire en fonction de leurs caractéristiques économiques, dans la mesure où une telle différenciation ne recoupe pas les différences de valeur ajoutée. Le jeu concurrentiel est par ailleurs un instrument du droit fiscal, qui définit un principe dit « de pleine concurrence » pour déterminer objectivement la base imposable d'échanges intragroupes. Ce principe, qui emporte des effets importants en droit commercial et en droit de la concurrence, permet en outre d'exposer empiriquement les distorsions de concurrence naissant d'une méconnaissance de la valeur ajoutée propre à chaque contribuable. Au final, la distorsion fiscale de concurrence apparaît bien comme une affaire de critère d'imposition ; cette dimension juridique pose nécessairement la question de la réception de cette distorsion par le droit positif. Prendre la mesure de cette réception, c'est observer qu'une exigence de jeu concurrentiel non faussé est opposée de manière croissante au droit fiscal, de façon paradoxalement marginale par le droit de la concurrence entend du stricto sensu, et de manière plus large et profonde par le biais de dispositions et principes juridiques que cette exigence innerve. Ce magistère de fait dessine ainsi un énorme matérielle de concurrence qui affecte le droit fiscal. Ainsi, en droit interne, la teneur et la mise en œuvre du principe d'égalité devant l'impôtre pose de manière croissante sur des analyses concurrentielles spontanées du juge de l'impôt et du juge constitutionnel, dont la seule limite paraît être une approche abstraite de l'égalité et une grande latitude d'appréciation laissée par ces derniers au pouvoir fiscal. Ce rapport d'influence se double d'une véritable instrumentalisation du droit fiscal sur le terrain du droit économique, qui subordonne la fiscalité à sa propre finalité concurrentielle.