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L’électricité joue un rôle essentiel dans le développement économique et le bien-être social. Cependant, on constate un écart considérable d’accès à cette ressource au niveau mondial, tant dans l’électrification que dans la consommation électrique. Au cœur de cet écart se trouve la difficulté à financer et à maintenir les projets d’électrification. Un État faible ne dispose pas des capacités fiscale et légale pour assurer une fourniture électrique stable, ou réglementer le marché de l’électricité efficacement. Il peine à définir son rôle dans la fourniture électrique, incapable de financer des projets au long terme, ou d’inciter le secteur privé de le faire. Les travaux suivants explorent l’impact de la faible capacité de l’État sur la fourniture électrique, d’un point de vue empirique et théorique, avec application au cas du Liban. Dans le premier chapitre, nous étudions les déterminants électoraux de la fourniture électrique au Liban. L’Électricité du Liban (EDL), le monopole d’État, peine à couvrir ses coûts et s’approvisionner suffisamment en hydrocarbures. En conséquence, les coupures d’électricité peuvent durer jusqu’à 12 heures par jour. Nous prenons une approche empirique pour identifier l’impact des élections municipales, et leur niveau de compétition électorale, sur la durée de ces coupures électriques. Nous utilisons des données satellite pour mesurer la fourniture électrique et des données étatiques pour la compétition électorale, ainsi que le modèle empirique de différences-en-différences robuste de De Chaisemartin et d’Haultfoeuille (2024). Nous montrons que les coupures sont moins longues au niveau national lors des élections municipales, et que les localités tenant des élections compétitives ont une meilleure fourniture électrique sur le long-terme. Le deuxième chapitre cherche une solution de marché aux coupures délibérées d’électricité en présence d’un monopole d’État en sous-capacité et d’un marché informel privé. En effet, les hydrocarbures coûtent trop cher à l’État, qui n’en importe pas suffisamment. Les stations d’EDL ne fonctionnent donc pas à pleine capacité. Pour pallier les coupures fréquentes, les consommateurs ont recours aux réseaux de générateurs privés, à près de trois fois plus cher que les tarifs publics. Nous maintenons le statu quo et modélisons une solution où EDL vend sa surcapacité sur le réseau de distribution privé, à tarif plus élevé, aux consommateurs souhaitant en bénéficier. Nous démontrons l’existence d’un équilibre sur les marchés formel et informel de l’électricité avec la réforme. Nous trouvons que cette réforme a un impact positif sur le bien-être social, et est bénéfique dès que le coût des producteurs privés est suffisamment élevé. Le troisième chapitre examine l’impact d’une réglementation publique du tarif de l’électricité intermittente fournie par les générateurs privés. Jusqu’en 2018 au Liban, les fournisseurs privés facturaient un tarif forfaitaire mensuel en fonction de la puissance d’ampérage choisie par les consommateurs. L’État, craignant que les fournisseurs privés ne facturent des forfaits abusifs, leur impose de mettre en place des compteurs afin de facturer à la consommation. Nous modélisons l’impact sur le bien-être et les profits d’un tarif forfaitaire d’abord, et variable ensuite, avec différentes configurations de compétition sur le marché privé intermittent. Nous montrons que, comme le prix au kWh n’est pas réglementé, les fournisseurs privés vont choisir le tarif variable de manière à maintenir le même niveau de profits que précédemment, avec les forfaits. À niveau égal de consommation électrique, la réglementation n’aura donc pas d’impact sur le bien-être social.