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C’est en présence d’une assemblée de hautes personnalités du monde juridique français, universitaires, membres du Conseil d’Etat, de l’autorité judiciaire, et entourée de nombreux collègues, amis et étudiants, anciens et plus jeunes, que le Professeur Élisabeth Zoller s’est vue honorer, le 2 octobre dernier à l’appartement décanal, des Mélanges rassemblées par le Professeur Wanda Mastor et remis par Hélène Hoch son éditrice chez Dalloz.
Le Président Leyte a rendu un hommage appuyé au professeur de droit public comparé, soulignant « les sentiments d’admiration scientifique, de motivation, d’aspiration vers le haut » dont témoignent la variété et la richesse des communications rassemblées en l’honneur de celle qui a « illustré l’université avec foi et énergie », notamment en y faisant rayonner le Centre de Droit public comparé.
Le Professeur Gilles Guglielmi a salué la cohérence d’une œuvre scientifique et d’une carrière menées depuis le droit international public jusqu’au droit public comparé en passant par le droit constitutionnel et le droit américain. Rappelant avec émotion la création en 2008 du Master de Droit public comparé, le Professeur Guglielmi a voulu rendre hommage à l’universitaire – « vous avez réalisé mon rêve, celui que l’Université soit vraiment le lieu de la pensée » – et au professeur, « l’une des rares, peut-être l’une des dernières, à maintenir à un haut niveau d’exigence les trois facettes de notre métier» : engagement scientifique, confrontation avec ses pairs et transmission aux étudiants, terminant son adresse par une promesse où la solennité de l’exercice le disputait à l’émotion, de persévérance et de fidélité intellectuelle.
Après un hommage de ses collègues universitaires américains, c’est dans une intervention pleine d’humour et de profonde tendresse que le Professeur Wanda Mastor a témoigné du rôle et de la place qu’avaient joué, dans son engagement académique, l’œuvre et le soutien bienveillant mais exigeant d’Élisabeth Zoller. Son généreux « Place aux jeunes ! » mais aussi le stimulant « Ne me décevez pas ! », comme un viatique au point de départ d’un cheminement intellectuel et humain qui l’a conduite à reprendre aujourd’hui le flambeau pour le passer à son tour aux plus jeunes. « Continuez de vous battre, chère Élisabeth, pour que le droit soit pensé à partir de l’individu ! ».
Le Professeur Jacqueline Dutheil de la Rochère a ensuite pris la parole pour exprimer toute son amitié et sa « reconnaissance infinie » pour ce que sa collègue de la Section de Droit public, du temps où celle-ci ne comprenait que trois femmes professeurs, lui avait appris et aidé à réfléchir. Evoquant, dans un grand amphithéâtre glacial où composaient un jour sans chauffage des étudiants frigorifiés, une « Élisabeth emmitouflée, furieuse, râlante mais solidaire », Jacqueline Dutheil de la Rochère concluait : « Élisabeth Zoller est restée toute l’après-midi avec les étudiants, elle est partie avec le dernier étudiant et la dernière copie, et cela c’est Élisabeth ! ».
Enfin, le Professeur Zoller s’est exprimée, avec beaucoup d’émotion et une infinie pudeur, pour rappeler tout d’abord qu’elle n’avait fait que son métier, « peut-être devrais-je dire mon devoir, comme on disait autrefois dans notre profession ». « Si j’ai pu élever l’esprit de mes étudiants, susciter l’intérêt des praticiens du droit et nourrir la réflexion de mes collègues, alors mon passage en université n’aura pas été vain ».
Le professeur a également voulu voir dans ses Mélanges, « le témoignage de l’amitié qui unit les différentes générations de juristes succédant les unes aux les autres et qui toutes poursuivent le même effort : comprendre et expliquer le droit, le rendre intelligible à nos étudiants, éclairer la pratique des juges, aider à faire avancer la justice et la concorde entre les hommes ».
Elle a réaffirmé avec force défendre et vouloir « penser le droit à partir de l’individu. Partir de l’homme, c’est la seule réalité qui compte. » Et motiver un enseignement du droit constitutionnel « partant des droits de l’individu, du sujet, non pas du tout, de la partie non pas de l’ensemble, de l’individu non pas de l’Etat ».
« Si je devais de nouveau enseigner le droit constitutionnel – ce que je ne peux plus hélas faire, a-t-elle regretté – je dirais tout simplement ceci aux étudiants : les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits, et le droit constitutionnel est fait de l’ensemble des règles qui leur permettent de le rester ».
Exprimant toute son affectueuse gratitude à Wanda Mastor, et remerciant profondément tous ceux qui avaient contribué à ses Mélanges, le Professeur Zoller a conclu d’une pirouette comme le moraliste et poète doux-amer : « Je sens s’ouvrir devant moi un automne plein de charme et de regrets ; à lire ces écrits, je pressens qu’ils vont me faire prendre conscience des lacunes de mes propres travaux et me permettre d’aller toujours plus loin, vers la vérité ! ».
Retrouvez l’interview des Professeurs Zoller et Mastor dans le prochain numéro du Magazine Panthéon-Assas, à paraître en novembre 2018.