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La conférence, organisée par Projet Democratia et Assas.net, portait notamment sur le rapport au droit en temps de guerre. Cet événement a été l'occasion de revenir sur les combats qui ont marqué la longue carrière de l'ancien garde des sceaux et d'entendre ses conseils et mises en garde.
L'accueil réservé à Maître BADINTER par les quelques centaines d'étudiants présents a été chaleureux, marqué par une ovation. Après les propos introductifs du président de l'Université, Stéphane BRACONNIER, Robert BADINTER a pris la parole dans un ton taquin qui a caractérisé toute son intervention. Il a plaisanté sur l’étroite relation entre la vieillesse et la proximité, soulignant sa chance d'être voisin de l'Université Panthéon-Assas, car il ne se serait pas déplacé jusqu'à l'Université Dauphine. Il a également rappelé la réputation internationale de l'Université Paris-Panthéon-Assas et a encouragé les étudiants à tenir le flambeau de cette institution.
Lors des questions posées, Maître BADINTER a avoué s'attendre à des questions portant davantage sur son passé lointain. Il a rappelé sa première visite dans une prison, celle de Fresnes, il y a soixante-douze ans. Évoquant une période où il a fréquenté la justice et l'université de concert, il a défendu devant les étudiants l'idée que les études de droit méritent mieux que ce qu'on en dit et a dénoncé la critique injustifiée du corps universitaire. Saluant l'amour de la liberté qui règne dans la justice française à travers les décennies, Maître BADINTER a souligné que la France n'a peut-être pas la meilleure justice du monde ni la meilleure université, mais qu’elles occupent une place honorable et que ceux qui jugent et enseignent dans ces institutions mériteraient davantage de reconnaissance.
La conférence s'est ensuite poursuivie avec un échange entre Robert BADINTER et les trois étudiants-intervenants.
Les premières questions portaient sur le livre récemment publié en avril par Maître BADINTER en collaboration avec les professeurs Bruno COTTE et Alain PELLET, intitulé « Vladimir POUTINE - L'Accusation ? ».
À la question « Vladimir POUTINE doit-il être jugé ? », la réponse fut sans une seconde d’hésitation « oui ». Sur la réalisation du jugement, il relève qu’« aucun dictateur en exercice ne se précipite pour être jugé » et qu’« il sera jugé (…) quand il sera tombé ». Conclusion : la Russie, « agresseur brutal et cynique », devra nécessairement changer de chef d’État ou de régime pour que POUTINE soit jugé un jour.
La « guerre à deux heures et demi de vol de Paris » l’inquiète. Il n’aurait jamais cru revoir un conflit d’une telle nature au cœur de l’Europe. Ses inquiétudes sont amplifiées, décuplées, par une leçon de l’Histoire selon laquelle « les dictateurs n’acceptent jamais de s’être trompés, quitte à plonger leur pays et ceux autour dans l’apocalypse ».
Pragmatique, Maître BADINTER conclut sur ce thème en soulignant qu’avant tout jugement devant une juridiction pénale internationale, « la première des choses est que le conflit s’arrête ».
Après quelques questions sur la guerre en Ukraine, Robert BADINTER s’est longuement attardé sur la question des droits des personnes homosexuelles. Cette prise de parole, particulièrement éclairante, s’inscrivait à la fois dans le contexte des actions passées de Maître BADINTER, notamment la dépénalisation de l’homosexualité, et dans celui de l’anniversaire des dix ans du Mariage pour tous. À ce propos, l’invité d’honneur a souligné l'importance de reconnaître et de respecter les droits des personnes homosexuelles, affirmant que la discrimination basée sur l'orientation sexuelle est une injustice qui doit être combattue. Il a rappelé que l'histoire a montré que de nombreux combats pour l'égalité des droits ont été nécessaires pour surmonter les préjugés et les discriminations.
L'avocat a également attiré l'attention sur la situation mondiale, en soulignant que dans de nombreux pays, l'homosexualité est encore criminalisée et que les homosexuels sont persécutés. Il a appelé la communauté internationale à prendre des mesures pour défendre les droits des personnes homosexuelles et lutter contre toute forme de discrimination à l'échelle mondiale.
Pour faire progresser l'égalité des droits, Robert BADINTER a souligné l'importance de sensibiliser et d'éduquer les populations sur les questions d'orientation sexuelle. Il a également mis en avant le rôle des institutions internationales dans la promotion et la protection des droits des personnes homosexuelles.
De manière plus générale, l'avocat a également souligné que l'histoire a montré que l'injustice et la discrimination ne sont pas limitées à une seule communauté, mais touchent toutes les formes de différences. Il a cité des exemples d'autres luttes pour l'égalité des droits, telles que celles des femmes et des minorités ethniques, soulignant la nécessité de lutter pour une société plus inclusive.
Maître BADINTER a aussi exprimé son espoir que les générations futures continueront à lutter pour l'égalité des droits et à défendre les personnes homosexuelles. Il a souligné que chaque individu a un rôle à jouer dans la promotion de l'inclusion et du respect de la diversité.
À la question finale sur le conseil qu’il donnerait aux jeunes juristes composant l’audience, Maître BADINTER a conclu son propos par des mots à la fois simples et forts : « Luttez contre l’injustice, nous voulons une société juste. Bonne chance ! ».
Toute la communauté universitaire, les étudiants au premier chef, a été enrichie par les paroles et les expériences partagées par cet éminent juriste et homme politique, dont l'engagement en faveur de la justice et des droits de l'homme a marqué l'histoire de la France.
Les étudiants d'Assas.Net et l'Université Paris-Panthéon-Assas remercient sincèrement Robert BADINTER d’avoir accepté de venir témoigner de son parcours.